Patrick Jannin

Blog

On parle de mon livre photo.

Ajouté le 1 sept. 2014

Oui, on en parle déjà, et j'espère bien que ça ne va pas s'arrêter de sitôt !

Pour en savoir plus, cliquez donc ici, sur le site du Salon Littéraire. Et puis aussi, surtout, allez faire un tour sur les site des Editions derrière La Salle de Bain

Lire la suite

Patrick Jannin aux Editions derrière La Salle de Bain

Ajouté le 29 août 2014

Avis aux amoureux de mes photographies !

Mon premier livre vient de paraître aux Editions derrière La Salle de Bain, dans la collection PICKPOCKET. Il est beau, fait main, il n'est pas cher et il est en vente ici :

http://leseditionsderrierelasalledebains.bigcartel.com/product/patrick-jannin-collection-pickpocket

To all the fans of my pics ! 

I'm pleased to announce you that my first book is now available at Les Editions derrière La Salle de Bain, in the Pickpocket collection. It's pretty, hand-made, cheap and for sale just there :

http://leseditionsderrierelasalledebains.bigcartel.com/product/patrick-jannin-collection-pickpocket

(*crédit photo : Marie-Laure DAGOIT)

Lire la suite

Fables Ineffables

Ajouté le 23 mai 2014

J’ai donné au Hibou un corps d’enfant qui rêve, et au Cerf celui de deux femmes au moins, parce qu’il les aime belles et nombreuses. Au Serpentaire aussi d’ailleurs, mais ça c’était seulement pour rétablir la vérité, car Eve – et ça tout le monde l’ignore encore – après avoir croqué la pomme croqua également le serpent. Au Lapin, j’ai donné une tête oui, mais une tête de Lièvre, et par là-même les clés du clapier car on n’enferme pas les lièvres, et ça par contre, tout le monde le sait. C’est à ce moment-là que le Lièvre-Lapin est sortit de mes tableaux et s’est - sans demander la permission, car les lièvres sont ainsi faits - juché sur mes épaules. Alors moi, pas bégueule, je profitai derechef de ce nouvel anonymat pour exercer la photographie en toute quiétude.
Et puis, et puis j’ai rencontré un Homme. Celui-là était, je ne vous le cache pas, bizarre (comme on dit dans le monde). Il portait un masque, une sorte de Janus, mais à trois faces, et il avait dans la tête une idée fixe. Et il n’avait dans la tête absolument rien d’autre. C’était, comme je l’appris par la suite, L’Homme de La Foule. Et ce jour, j’appris également que cet homme-là, jamais il ne diffère vraiment de son voisin. C’est dommage.
Mais alors, quand fort de cet anecdote, le Lièvre-Lapin de Mars (à décembre au moins) est allé tout rapporter au Tigre, ce dernier se mit à rugir si fort que les murs en tremblent encore. Oh, vous savez ? On dit rougir de honte et on se trompe ! En réalité, je vous le dit, on rugit de honte ; parce que quand on se révolte, on le crie haut et fort, parce que ça fait mal à l’intérieur de soi, qu’on a les dents qui grincent et qu’on voudrait bien tout casser. La preuve de ce que j’avance ? Pardi ! Tu as déjà vu un tigre rouge ? Non ? Bon, alors cela signifie que j’ai raison.


23/05/14

Lire la suite

MATER DOLOROSA + SON

Ajouté le 24 août 2006

Lorsque je peignis ces deux toiles en juillet 2009, je sortais, si l’on peut dire, d’une longue période pendant laquelle j’avais dessiné sur toile à la plume et à l’encre de Chine, cherchant, de façon plus ou moins consciente ou raisonnée, à pénétrer au plus profond de l’humain. La plume était mon scalpel et je me voyais tantôt en chirurgien, tantôt en as de la vivisection. Il en était résulté une étude plutôt approfondie de l’horreur de laquelle, il me faut bien en convenir, je m’étais longtemps délecté. Puis petit à petit la couleur était réapparue, et avec elle la chair et puis la peau. Jusqu’à ce qu’enfin, par lassitude peut-être, je délaisse la plume, dont je ne me servirais alors plus que sur feuilles, au profit du pinceau. Au-delà de la lassitude il y avait aussi une tentative de simplification de l’acte, une sorte de logique. Quoi de plus logique en effet que de réserver la plume à dessin au support idéal, le papier, et la couleur et le pinceau à la toile ?
Bref, j’en étais là de ces considérations lorsque je trouvai ces deux toiles ovales, et parfaitement vierges.
Allez savoir pourquoi, cette forme de châssis m’avait toujours évoqué ces portraits en noir et blanc des aïeux. Il y en avait encore un chez mes parents. Un vieillard aux airs de Clémenceau dont on me disait qu’il était mon arrière grand-père. Un inconnu et pourtant mon ancêtre. Qu’il me soit permis aussi d’ajouter que mon rapport à la photographie avait été jusqu’à il y a peu un rapport à la mort. En effet, les seuls portraits qui ornaient les meubles de la demeure familiale furent jusqu’à l’arrivée des premiers petits enfants ceux de nos chers disparus.
En raison de tout ce qui vient d’être dit, il m’était alors apparu « nécessaire » de figurer sur ces toiles deux portraits d’aïeux imaginaires, aux visages graves et emprunts de dignité, mais néanmoins recouverts, en lieu et place d’épiderme, de vers roses et grouillants.
Vous-êtes vous jamais arrêtés à fixer du dessus un plat de spaghettis à la bolognaise ? Essayez et vous comprendrez. Je venais pour ma part de faire cette expérience picturale avec une toile de 100x100, un portrait en buste que j’avais nommé Lilith en hommage à la célèbre démone, et dont le visage était en fait un masque de ces vers.
Il faut bien comprendre qu’au-delà du caractère peu ragoûtant de cette technique, c’est son coté laborieux qui moi m’intéressait. Ces efforts de patience que je ne faisais plus depuis que j’avais délaissé la plume au profit du pinceau, je voulais absolument les revivre. Je n’aime pas la facilité. J’avais besoin d’en chier, besoin de me prendre la tête, besoin de me plonger dans cet état quasi-hypnotique qui quand je peins ou dessine, m’empêche de penser. Besoin aussi sans doute de me contraindre pour m’élever, et par là-même d’élever le niveau de ma création.
Quoi de plus naturel alors, puisque j’en étais là, au sortir je le rappelle d’une toile emprunte de démonologie, que de m’attaquer au plus célèbre des mythes de ce coté-ci du globe : la Sainte Vierge ? Ah je m’en délectais d’avance. Moi le bouffeur de curés j’allais maintenant mettre le paquet, et j’allais y mettre tant de soin que nul ne pourrait prétendre que mon antichristianisme n’était qu’un coup de gueule facile, un pétard mouillé.
N’est-ce pas paradoxal cela dit que de vouloir se plonger dans un état quasi-hypnotique et de faire appel à une discipline de fer, à l’instar d’un jeune converti, afin de lâcher ses ires sur la plus célèbre des religions ? Il serait si simple de peindre une croix à l’envers ou un christ bandant. Non, ça n’est pas paradoxal. Pas pour moi en tout cas.
Primo, c’est avec leurs propres armes qu’on élimine ses ennemis, question de déontologie.
Secundo, même si les religions me font vomir, je reste fasciné par l’art sacré parce que justement il se situe au-delà de tout. Il suffit pour s’en convaincre de regarder le retable d’Issenheim ou le plafond de la Chapelle Sixtine.
Tertio enfin, pour moi tout artiste qui se respecte a rapport au sacré. En ce sens où la création est cet acte par l’intermédiaire duquel l’homme se situe au-delà du commun et grâce auquel il lui est permit de s’entretenir avec les forces, les énergies, la magie ou peu importe le nom qu’on donnera à cet état - l’état de grâce – qui parfois submerge ceux d’entre nous qui savent nager/voler, nous donnant par là-même une bonne raison de poursuivre dans notre voie, de continuer à respirer, de vivre.

Mater Dolorosa ne pouvait pas s’appeler la Sainte Vierge. Je ne convoquai ici nul miracle, nul discours à l’eau (bénite) de rose (cruciforme).
La Douleur. C’est si important encore de nos jours pour l’occidental. La douleur, le pêché, la culpabilité. Encore, encore ! On en réclame toujours plus. C’est le christianisme qui nous y enjoint.
Comment une religion basée sur l’Amour et rien d’autre a donné un tel ramassis de bêtises toutes plus dangereuses les unes que les autres pour le bon développement de l’intelligence individuelle, c’est une autre histoire. Qu’on comprenne simplement pourquoi c’est de douleur que je voulais parler.
Douleur qu’éprouve celui qui cherche encore jour après jour un sens à sa vie, refusant la réponse prédigérée vendue entre les pages du Livre des Livres.
Douleur, douleur notre mère, je sanctifie ton nom !
Douleur enfin de n’être qu’un être de chair quand on se voudrait pur esprit. Car en effet, vous imaginez-vous, vous, la vierge assises toutes jupes retroussées au dessus d’un trou d’aisance, ou Jésus lui-même lâchant quelques vents au beau milieu du discours qu’il prononça devant les Pharisiens ? J’avoue pour ma part que ça me gène un peu, et ça me gène parce que je sais que c’est vrai. Parce que ça aussi c’est être humain. Parce que c’était des humains, des hommes et des femmes de chair et de sang, avec peut-être juste un peu plus de cervelle et de folie que le premier quidam venu pour ce qui concerne Jésus. Mais aussi avec un petit et un gros intestin.
Douleur – Chair – Viande. Des humains donc.
Approcher le Sacré, ce serait alors transcender cet état « physique » via la foi, une croyance forte. N’être pas qu’un intestin sur pattes, être plus que ce que l’on est, que ce que notre naissance a fait de nous. Douleur alors devant l’effort à accomplir.

Le quatrième œil sur l’auréole m’est apparu comme en un songe, puis SON lui-même, le Fils, par transparence. Autosuggestion, fatigue, mauvaise alimentation ? Qu’est-ce que ça peut faire ? Cela a été. Je l’ai vécu. Ainsi soit-il.
Après, seulement après, j’ai appris que dans la Bible il est écrit qu’il est nécessaire de pourrir pour ressusciter.


Patrick Jannin
Belfort, le 16 mai 2010

Lire la suite

No Man's Land

Ajouté le 24 août 2006

No Man’s Land, toile peinte lors d’une résidence que je fis à Paris en mai 2010 se veut être une réponse à Tant Qu’Il Y Aura Des Hommes, dont j’avoue n’avoir qu’un vague souvenir. Quoiqu’il en soit, tant qu’il y aura des hommes, il y aura de la vie, il y aura de l’espoir.
J’avais été invité à faire cette résidence afin de préparer une exposition sur le thème (N) Ayez (Pas) Peur. Il ne me restait plus, à moi, qu’à trouver ce qui m’effrayait le plus. Réponse immédiate : la guerre.
Mes parents l’ont connue, mon père a même participé après 45 à d’autres conflits de part le monde. Quant à moi je n’ai vécu que des luttes intérieures, des angoisses que j’ai su générer ma vie durant, sans faire trop d’effort il me faut bien l’admettre, pimentées ça et là de quelques traumatismes hérités de mes aïeux. Bref, tout est normal. Et l’âge aidant – l’art aidant ? – j’arrive de mieux en mieux à gérer ces luttes.
Enfin, pour information et en guise d’anecdote, j’ai achevé la toile un 8 mai. Y’a pas de hasard comme dirait l’autre.

Ca ne s’arrête pas là pour autant. Car cette peinture a généré dans sa réalisation même d’autres guerres, d’autres destructions.
Lorsque j’ai fait les premiers croquis, lorsque j’ai « pondu » ce projet, j’avais choisi comme titre Alice in No Man’s Land. Eprouvant depuis quelques temps déjà une certaine fascination pour l’ouvrage de Lewis caroll – je travaillais depuis deux ans sur le Lapin Blanc – je venais enfin d’entreprendre la lecture du célèbre livre dont ne me subsistaient que quelques souvenirs d’enfance. Et puis aussi Alice je la connaissais. Elle vivait dans un lointain Wonderland, un pays d’interrogations d’où j’étais à la fois présent et absent et au seuil duquel je rêvais.
Et dans ce projet la jeune fille qui tenait autant d’Alice que de Lolita – car elle n’était pas vraiment ingénue – se trouvait miraculeusement indemne au milieu d’un charnier sous un ciel de feu et de cendres. La vierge-putain était demeurée vivante et pure. Rien n’était alors tout à fait perdu. Il n’y a plus d’hommes ? Qu’importe puisqu’il s’agit d’un rêve, d’un Wonderland. L’espoir subsiste.
Oui mais. Et si ce n’était pas un rêve ?
Sort-on indemne de ses propres cauchemars ?
Si cette Alice là est restée désirable jusqu’à la ceinture, jusqu’au niveau des organes de la reproduction, elle reste néanmoins environnée de cadavres à des stades plus ou moins avancés de décomposition. Donc s’il y a encore un espoir de reproduction, de vie, il ne viendra que du seul spectateur, et à condition qu’il puisse, et veuille bien, « pénétrer » dans cette toile.
Mais qui le voudrait ? Regardez-là bien cette vieille gamine. Même sa poupée a la gueule gangrénée. Le jouet blond, ange pourri, lève sa main en un geste de supplication que le feu de la guerre semble avoir figé depuis longtemps déjà. Et son regard de plastique ne fixe pas le sein nourricier de la jeune fille qui joue à la poupée, mais le ciel, ce ciel multicolore qui évoque plus la palette du peintre-démiurge qu’autre chose.
Et puis même si les hanches de la femme-enfant font encore illusion sous la robe blanc-cassé (souvenir de quelque chose de virginal), le ventre dessiné en creux ne peut à coup sûr plus rien recevoir. Donc plus rien donner.
Le mal est partout, quand bien même le mâle, lui qu’on dit semeur de trouble, n’est plus.

Alors ça y est, c’est fini ? C’est l’Apocalypse, enfin ? Déjà ?
Peut-être pas, car on voit derrière Alice qui prévoyante a revêtu son masque mortuaire se profiler deux ectoplasmes, de sexes opposés pourrait-on dire. En tout cas moi je le dis.
Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Ca nul ne le sait. En tout cas ils sont là, pas menaçant du tout d’ailleurs puisque le plus froid des deux enveloppe la femme d’une gangue de boue glauque. Et puis si l’on regarde bien, il subsiste dans l’absence de barbelés à l’arrière-plan une issue, une porte.
Peut-être qu’on peut toujours rêver après tout.
Mais ça, ça n’est pas une raison pour ne plus avoir peur.

A Paris, le10 mai 2010
Patrick Jann!n

Lire la suite

Propos sur Le Lapin. Entretien fictif portant sur la série Lapin(e)s ainsi que sur certaines toiles.

Ajouté le 24 août 2006

Q : Le lapin, qui hante ton œuvre depuis quelques années déjà, qui est-il ?
Et puis surtout, pourquoi ?

R : Pourquoi faut-il se demander pourquoi ? Qu’est-ce que ça peut foutre ? Pourquoi on fait ce qu’on fait, pourquoi on pense ce qu’on pense, pourquoi cependant on fait rarement ce qu’on pense ? Ca ne m’intéresse pas. Je me moque des raisons pour lesquelles j’agis de telle ou telle façon. Toute cette prose pseudo littéraire aux accents psychanalytiques m’emmerde, car ça n’a pas de sens. Chacun est libre – je ne vois de toute façon pas comment ni de quel droit j’empêcherais le spectateur de penser ce qu’il veut et d’y aller de sa propre interprétation. Chaque individu dispose d’une grille au travers de laquelle il juge, analyse et « comprend » ce qui l’entoure. Et chacun d’appeler ça, SA réalité, SA vérité.

Q : Oui, mais alors : qui est-il ce damné rongeur aux oreilles en érection ?

R : Primo, tu l’as dit, c’est un rongeur, et comme tous ceux de sa race, ses dents poussent tout au long de sa vie, à l’instar de nos ongles et de nos cheveux. Ce qui fait que, s’il ne les use pas, elles finiront par être si longues qu’il en crèvera, incapable qu’il en sera devenu de se nourrir. Tu connais l’expression « se faire les dents » ? Ca a une connotation plutôt agressive en général. Et ce n’est pas dénué de sens.
Ensuite, d’un point de vue symbolique, on raconte dans certaines religions que le lapin serait un intermédiaire entre dieu et les hommes, ce qui lui évite de finir en civet. Mais pour d’autres, il a surtout cette sale réputation qu’on attribue à la Cigale dans les fables de La Fontaine. A savoir : un branleur, toujours prompte à faire la fête et à se taper sa voisine de clapier.
Maintenant, pour ce qui me concerne, je vais te dire ce qu’il est, au-delà de tout ce verbiage indigeste autant qu’inutile. Oui, inutile, car quand je peins ou dessine, je ne me dis pas : tiens, je vais mettre tel symbole pour induire telle ou telle pensée chez le spectateur. Mon but n’est pas de prendre les gens par la main pour les conduire à Katmandou ou au temple. Moi, je m’amuse. Et tout le reste, je m’en moque.
Donc : le Lapin est abject, méchant, fourbe, vindicatif, hypocrite, menteur, mythomane, machiste, obsédé, violent, méprisant, méprisable, immoral, puant et chiant .
Le Lapin ne t’aime pas. Le Lapin t’emmerde. Et sous pas mal de points de vue, Le Lapin te ressemble.
A ceci près que lui se fout de ton jugement, de ton avis, de ta morale, de tes hypocrisies.
Comme il se fout de tes attentes. Car il est libre. Dénué de respect, il n’en attend de quiconque.
En définitive, le Lapin ne devrait craindre de jugement que de Dieu, arguant qu’il n’a de compte à rendre qu’au Créateur et à Lui seul. Mais là aussi, il s’en fout !
Parce que Dieu, c’est LUI.



P.Jann!n – 8/12/10

Lire la suite

Le Prophète

Ajouté le 24 août 2006

Je re-présente un avant-goût de l'Apocalypse.

Je suis un prophète et mon art représente l'avenir de ce monde. Les enfants naitront avec des gueules de vieillards, les autres pourriront sur place, gangrénés, enkystés dans leur propres chair et leurs vices se retourneront contre eux. La violence sera le seul langage possible et compris de tous, la culture sera enterrée, il n'y aura plus d'issue de secours.

Je ne fais pas l'apologie de la violence, pas plus que celle de la perversité, n'en déplaise à beaucoup parmi ceux qui "aiment" ce que je fais, pensant voir en moi un reflet d'eux-mêmes. C'est le contraire. Je déteste ça. Je déteste la violence. Je déteste cette surenchère dans la perversité, aussi fascinante qu'elle puisse être sur le terrain de la psychanalyse et de la sociologie, qui s'exerce sur les moeurs par l'intermédiaire des média. Mais tout ça existe, tout cela est vrai, tout cela est réel ! C'est d'actualité. Alors j'en parle.
Est-ce ma faute à moi si les seules prophéties qui se réalisent, comme nous le prouve l'Histoire de l'Humanité, sont aussi les plus pessimistes ?

Lire la suite

Patrick Jannin Le fripon divin

Ajouté le 24 août 2006

"Savez-vous au juste ce que c'est que la cruauté ? " Hein ? Et le théâtre de la cruauté ? 'Cruauté' quand j'ai prononcé ce mot, a tout de suite voulu dire 'sang' pour tout le monde. Mais, 'Théâtre de la cruauté' veut dire théâtre difficile et cruel d'abord pour moi-même."Antonin Artaud

Patrick Jannin est un artiste de la cruauté, si tenté que par ce mot nous entendions ce qu'Antonin Artaud voulait dire quand il employait ce terme. A savoir : un artiste ayant su placer au dessus de son amour pour la beauté, une sorte d'exigence tragique. Voilà pourquoi ses oeuvres peuvent parfois sembler choquantes, irritantes, dérangeantes – pour ne pas dire dérangées. Mais ce qui dérange, en elles, n'est pas quelque chose d'intentionnel. Non, la cruauté, ici, n'a pas le goût de la provocation ni de la pose esthétique. Bien au contraire. Elle n'est que l'expression d'une âme ayant choisi d'affronter les conflits qui la fondent – et de faire de cette lutte contre elle-même, le point de départ d'une oeuvre sans ornement. D'une oeuvre absolument honnête.

Patrick Jannin, commentant son propre travail, l'exprime d'ailleurs avec la plus grande clarté : « Je ne suis pas un artiste trash. Je ne fais pas dans la provocation par vice ou pour choquer le bourgeois. Je me fous bien de savoir à quel courant artistique j’appartiens, tout comme je me moque de savoir ce que les gens en pensent. Mon seul souci, ma seule gageure, c’est ma sincérité. (...) S’il fallait définir mon geste, je parlerais de lucidité. »

Si nous devions, à notre tour, définir un peu plus précisément le terme de lucidité, nous serions tenté d'en faire, à la suite du philosophe Méhdi Belhaj Kacem, l’anagramme du mot ludicité1. Car si Patrick Jannin explore, dans ses dessins, les désordres qui affectent la vie affective et sexuelle de l'humanité, il n'oublie jamais, pour autant, de nous aider à en percevoir la dimension comique. Ajoutant ainsi à ce qui aurait pu n'être qu'une sorte d'almanachs des perversions humaines, une touche d'humour ou d'ironie, cet artiste « déjanté » est parvenu à hisser son oeuvre sur les hauteurs de la conscience humaine – là où le rire de l'idiot se mêle enfin à la quête du sage.


C'est pourquoi, d'ailleurs, il serait maladroit de classer l'oeuvre de Patrick Jannin dans la catégorie de l'art brut. Car bien loin de n'être que l'esclave de son inconscient, cet artiste nous prouve, au contraire, qu'il est possible de donner libre cours à ses pulsions (de les regarder en face et de les peindre), sans pour autant sombrer dans la folie ou la démesure. « Ne vous en déplaise, je ne suis pas plus "fou" que vous, je ne suis pas le "monstre", l'handicapé mental que d'aucun se plaisent souvent à voir en moi. J'ai, par contre, de même que certains artistes qu'on dira plus "lucides", cette sincérité qui m'empêche de mentir, à moi-même comme à vous. »

Mais quel est ce mensonge dont nous parle Patrick Jannin et qui, comme par ricochet, voudrait faire de lui un monstre ? Ne serait-ce pas celui que véhicule implicitement toute institution sociale (la famille, l'école, la télévision) en voulant donner pour modèle à nos comportements l'image, par trop naïve, d'un homme policé, d'un homme abstrait, d'un homme ayant désappris à vivre au contact de sa propre chair ? C'est là, en tout cas, ce qui ne cesse de transparaître dans bon nombre de ses dessins, et tout particulièrement, dans cette image au titre ô combien évocateur : « Heil Jésus, ou les valeurs de la famille ».

Mais c'est peut-être plus encore dans sa série intitulée « Lapin, Lapine » que Patrick Jannin a su donner à sa pensée l'archétype dont elle avait besoin pour atteindre à sa plénitude métaphysique. Inspiré, en apparence, par l'histoire d'Alice au pays des merveilles, c'est pourtant du côté de la mythologie, et plus particulièrement du côté de la figure du Trickster (du fripon divin) qu'il nous faut nous pencher si nous voulons en saisir toute la valeur. Car tout comme la figure du Trickster, la figure du Lapin, dans l'oeuvre de Patrick Jannin, a pour fonction de transgresser les limites, d'apporter, au sein de la cité, le désordre dont elle a besoin pour que se trouve, enfin justifié, le bien fondé de ses normes.

C'est pourquoi Gustav Jung a pu faire de ce personnage mythique un archétype (qu'il nommera « L'enfant intérieur ») appartenant aux structures les plus élémentaires de la psyché humaine. Et c'est pourquoi aussi, nous ne pouvons que saluer, dans l'oeuvre de Patrick Jannin, la renaissance d'une telle figure capable de nous conduire, comme par la main, jusqu'au coeur des problèmes les plus fondamentaux de la condition humaine. Et si, envers et contre l'optimisme rationnel qui guide, aujourd'hui encore, nos sociétés, Patrick Jannin nous rappelait qu'il ne sert à rien de vouloir vivre dans la lumière si cette lumière n'a pas pour préalable, l'ombre qui la soutient.

Frédéric-Charles Baitinger


Lieu d'exposition
Galerie Golden Brain

Lire la suite

Hélène, une histoire vraie

Ajouté le 24 août 2006

Fin 2011, ma vie avait commencé à prendre l’allure d’un roman de Zola ; vous savez, quand vous avez l’impression que tout fout le camp, que vous ne maitrisez plus rien, et que ce qui pourrait vous arriver de mieux serait d’aller embrasser un mur, lancé à grande vitesse. C’est à ce moment que je me suis envolé pour Londres, avec en plus dans mes bagages, pour compléter le tableau, une fièvre carabinée.
Là-bas, plus frissonnant que jamais, je visitai une exposition sur Vincent van Gogh. Je ne sais pas si vous vous êtes déjà trouvé face à un paysage de van Gogh avec une forte fièvre, mais c’est une expérience que je conseille à tout le monde. Quelle claque ! Je voyais tout en 3D ! Je pouvais me promener dans ses toiles, aller même au-delà des cyprès. Je voyais tout, je sentais tout. Je comprenais tout. Une vraie révélation. C’est ça que je voulais faire, c’est à ça que je voulais arriver. Mieux ! C’est à ça que j’avais toujours voulu en venir en peinture, mais que les circonstances de la vie m’avaient, à leur manière sournoise, fait oublier. Le mouvement. Je voulais que ma peinture bouge, je voulais qu’elle vibre devant mes yeux. Je voulais que le spectateur (et moi le premier) ne trouve ni répit ni repos devant mes tableaux. Je voulais que sans cesse son regard aille d’un point à un autre, sans jamais se fixer. Je voulais être pris de vertige.
De retour chez moi, j’ai alors peint ma première Hélène. Une gamine avec des allures de poupée gonflable, un loup, du feu, et puis surtout des points. Des tas de points et de taches qui dansaient derrière elle. J’avais trouvé quelque chose, et ce quelque chose m’amusait. Il était temps !
Hélène allait ainsi revenir de toiles en toiles, elle allait capturer mon regard mais aussi ma raison, et j’en étais heureux. Je ne connaissais plus l’ennui. Et puis – car l’histoire comme toutes les histoires vraies ne s’arrête pas là et qu’un bonheur, dit- on, n’arrive jamais seul – il s’est aussi trouvé qu’un mois après mon retour en Hexagone, j’ai rencontré à une exposition une jeune femme qui portait le soir du vernissage la même robe que cette première Hélène. Elle aussi avait des cheveux longs et noirs, tout pareil. En fait, elle lui ressemblait tellement que d’aucuns ont cru, ce soir là, que je m’en étais inspiré pour mes dernières peintures. Le hasard, vous y croyez vous ? Et si je vous dis que cette fille en question se faisait appeler Féebrile, vous y croyez encore ?
La boucle était bouclée, et depuis ce jour-là, la fièvre ne m’a plus quitté.

Quant à Hélène, il semblerait que ce soit la peur qui jamais ne l’a quittée, même si, une fois, elle a prétendu le contraire (Hélène n’a plus peur) en s’affublant d’un masque au sourire grotesque. Mais nul n’ignore que si un masque peut cacher une expression – c’est son rôle - il ne peut pas couvrir des cris. Car Hélène crie, oh oui ! Elle hurle sa peur, le reste de son corps comme tétanisé face à un prédateur qui semble se tenir dans l’ombre du spectateur. Qu’elle soit seule ou avec ses amis, où qu’elle se trouve, Hélène n’en finit pas de crier. A cappella même ! Car la peur qui la tenaille n’aura au moins pas eu raison de ses valeurs, et la jeune femme reste fermement attachée au beau, si tant est que ce mot ait encore du sens. Mais … et si justement c’était ça qui l’effrayait autant ? Si c’était la laideur, la médiocrité et la bêtise qui la faisaient hurler ? Si c’était la vulgarité, dans tous les sens du terme, ce prédateur auquel Hélène, quasi morte de trouille, oppose, à défaut de mieux, son chant glacé ? Mais que peut-elle faire d’autre au final ? En effet, comment se défend-on face à la bêtise, face à l’ignorance ? La question reste posée. Et ma seule certitude, c’est qu’au train où vont les choses, Hélène n’est pas prête de trouver la paix.

P.Jannin – 07/05/13

Lire la suite

Prix Chic Dessin 2012

Ajouté le 24 août 2006

Samedi 31 mars, l’artiste représenté à paris par la Galerie Golden Brain – Yannick Le Guern a été primé par Chic Dessin 2012 pour l’ensemble des œuvres exposées sur le salon. Patrick Jannin prend donc le relais de Mohamed Lekleti (galerie Cinequanon), à l’honneur au rez-de-chaussée de l’Atlier Richelieu.

Membres du jury 2012 :
Alexandre Devaux, rédacteur en chef d’artnet.fr et de la revue Bilan Provisoire.
Angélique Oussedik, responsable de la Délégation aux Actions Culturelles ARTE France.
Stéphanie Pioda, historienne de l’art, journaliste et éditrice.
Sinziana Ravini, critique d’art et commissaire d’exposition indépendante.

2012/04/patrick-jannin-laureat-du-prix-chic-dessin-2012/

Lire la suite
Créé avec Artmajeur