Ajouté le 24 août 2006
Qu’est-ce qui se passe quand on ouvre les yeux et qu’on se regarde en face ? Vraiment en face. Prendre conscience de ce qu’on est, et puis, après seulement, de qui on est, est-ce que ça fait mal ?
L’image est reine car le mensonge est roi. Des milliers d’icônes connes se disputent notre amour à chaque coin de rue : c’est l’ère du poster rieur, et c’est partout la même heure et les mêmes leurres. Adore-moi ! Achète-moi ! RESSEMBLE-MOI ! Rassemblez-vous ! C’est l’heure de la tétée ! Ah, c’est si beau la fête maman !
Bordels de papier glacé aux tétons étoilés ont les dents plus blanches : le corps, très lisse, est garanti sans orifice. Motus ! Et bouches cousues. Vierges même quand elles baisent sur écran géant, nos idoles ne sont plus que des chimères. Autant de lièvres après lesquels tu cours chaque jour comme un con pour échapper à ta triste condition d’homme sans dieu. Répète-toi que tu es là pour ça, qu’il te le faut ce putain de sofa en peau de bébé-ouvrier, ils l’ont dit ce matin à l’antenne, ils te l’ont dit. Tu es un stakhanoviste, tu es un winner, tu es le meilleur - mais qu’est-ce qu’il fout l’autre connard débile, voit pas qu’il ralentit tout le monde avec sa poubelle de merde !?!
Oui mais, à la fin, dis-moi, qu’est-ce qui se passe si tu ouvres les yeux et que tu te regardes bien en face ? Est-ce qu’on est prêt à entendre la vérité en fait ? Prêt à être seul ? Oui maman, ça va, je saigne, c’est tout. Oui, ça pique un peu, c’est vrai. Je vais caner, c’est sûr, peut-être pas demain, mais un jour, sans doute.
Ouais.
Alors maintenant, je fais quoi ? Qu’est-ce qui se passe quand on devient conscient ?
Réveillez-vous
Cultivez-vous
Cessez d’obéir
SURPASSEZ-VOUS
Voilà, ma peinture, mes dessins, c’est un peu ça, et d’autres trucs aussi, qui ne te concernent pas forcément pour l’instant. C’est les jours débiles qui succèdent aux nuits débiles et où je me demande pourquoi tout ça. C’est l’angoisse face à l’absurde et c’est la lutte face à l’absurde et c’est la vanité de tout ça. C’est le plaisir infini et c’est la peur de l’infini.
Enfin.
Enfin, à tous ceux qui ont peur de trébucher en plein jour : hé, les mecs, achetez-vous une canne !