Ajouté le 24 août 2006
Je ne suis pas un artiste trash. Je ne fais pas dans la provocation par vice ou pour choquer le bourgeois. Je me fous bien de savoir à quel courant artistique j’appartiens, tout comme je me moque de savoir ce que les gens en pensent. Mon seul souci, ma seule gageure, c’est ma sincérité. Rester fidèle à moi-même, quoi qu’il m’en coûte. Ainsi je peins ce que je vois et vis, sans filtre. S’il fallait définir mon geste, je parlerais de lucidité. Il est juste dommage qu’il soit besoin de redéfinir aujourd’hui ce qui n’est à mon sens que le propre de l’artiste. Car c’est que je ne parle pas des décorateurs. Je ne parle pas de tous ceux qui encombrent galeries et salons et cimaises de leurs croutes consensuelles et confondantes de médiocrité. Non, je n’en parle pas car ceux-là ne sont que déjà trop connus, plébiscités et accueillis à bras ouverts par tous les officiels de l’art, les marchands et le public bovin qu’on appelle aussi la masse. Ce dont je parle ici, c’est de l’Art, et des Artistes. Mais peut-être le terme n’a-t-il été que trop usé ? Je parle donc d’Arme, et de guerriers. Oui, l’Art est une arme, car il est censé nous faire ouvrir les yeux sur notre condition, et nous faire réagir. L’artiste, c’est celui qui voit, extra-lucide, et qui parle, qui retranscrit, qui traduit, qui montre. Oh, ça n’est pas un missionnaire, surtout pas ! Point d’évangile sous l’aisselle en guise de cerveau ! Non, juste des yeux OUVERTS, très grands, toujours, et une gueule, grande ouverte aussi. Et puis derrière tout ça, un être VIVANT. Content, pas content, déviant, turbulent, chiant même, mais vivant quand même et surtout. Différent donc, non ?
Moi, la question que je me pose toujours, toile après toile après toile, c’est pourquoi ? Pourquoi on en est encore là, au point mort ? Pourquoi n’y a-t-il rien à attendre de celui qui se prétend au sommet de l’échelle de l’évolution ? Pourquoi toujours cette complaisance affichée pour la médiocrité, la bassesse et la stupidité ? Au nom de quoi ? Pourquoi toutes ces contradictions ? Depuis que l’écriture existe, et sans doute même avant, chaque génération apporte son lot de penseurs, de détracteurs et de philosophes. Et puis rien. Nada. Personne n’a rien entendu. Ou n’a pas voulu, mais dira qu’il n’a pas pu. Lâcheté. Ca s’appelle comme ça. C’est de ça que parlent mes peintures. J’y peins ma peur et mon dégout et mon espérance aussi, malgré tout. Et si c’est trash, c’est que l’homme est une ordure. Pas moi qui l’ai créé ainsi.