Propos sur Le Lapin. Entretien fictif portant sur la série Lapin(e)s ainsi que sur certaines toiles. Q : Le lapin, qui hante ton œuvre depuis quelques années déjà, qui est-il ? Et puis surtout, pourquoi ? R : Pourquoi faut-il se demander pourquoi ? Qu’est-ce que ça peut foutre ? Pourquoi on fait ce qu’on fait, pourquoi on pense ce qu’on pense, pourquoi cependant on fait rarement ce qu’on pense ? Ca ne m’intéresse pas. Je me moque des raisons pour lesquelles j’agis de telle ou telle façon. Tou1
Propos sur Le Lapin. Entretien fictif portant sur la série Lapin(e)s ainsi que sur certaines toiles.
Q : Le lapin, qui hante ton œuvre depuis quelques années déjà, qui est-il ?
Et puis surtout, pourquoi ?
R : Pourquoi faut-il se demander pourquoi ? Qu’est-ce que ça peut foutre ? Pourquoi on fait ce qu’on fait, pourquoi on pense ce qu’on pense, pourquoi cependant on fait rarement ce qu’on pense ? Ca ne m’intéresse pas. Je me moque des raisons pour lesquelles j’agis de telle ou telle façon. Toute cette prose pseudo littéraire aux accents psychanalytiques m’emmerde, car ça n’a pas de sens. Chacun est libre – je ne vois de toute façon pas comment ni de quel droit j’empêcherais le spectateur de penser ce qu’il veut et d’y aller de sa propre interprétation. Chaque individu dispose d’une grille au travers de laquelle il juge, analyse et « comprend » ce qui l’entoure. Et chacun d’appeler ça, SA réalité, SA vérité.
Q : Oui, mais alors : qui est-il ce damné rongeur aux oreilles en érection ?
R : Primo, tu l’as dit, c’est un rongeur, et comme tous ceux de sa race, ses dents poussent tout au long de sa vie, à l’instar de nos ongles et de nos cheveux. Ce qui fait que, s’il ne les use pas, elles finiront par être si longues qu’il en crèvera, incapable qu’il en sera devenu de se nourrir. Tu connais l’expression « se faire les dents » ? Ca a une connotation plutôt agressive en général. Et ce n’est pas dénué de sens.
Ensuite, d’un point de vue symbolique, on raconte dans certaines religions que le lapin serait un intermédiaire entre dieu et les hommes, ce qui lui évite de finir en civet. Mais pour d’autres, il a surtout cette sale réputation qu’on attribue à la Cigale dans les fables de La Fontaine. A savoir : un branleur, toujours prompte à faire la fête et à se taper sa voisine de clapier.
Maintenant, pour ce qui me concerne, je vais te dire ce qu’il est, au-delà de tout ce verbiage indigeste autant qu’inutile. Oui, inutile, car quand je peins ou dessine, je ne me dis pas : tiens, je vais mettre tel symbole pour induire telle ou telle pensée chez le spectateur. Mon but n’est pas de prendre les gens par la main pour les conduire à Katmandou ou au temple. Moi, je m’amuse. Et tout le reste, je m’en moque.
Donc : le Lapin est abject, méchant, fourbe, vindicatif, hypocrite, menteur, mythomane, machiste, obsédé, violent, méprisant, méprisable, immoral, puant et chiant .
Le Lapin ne t’aime pas. Le Lapin t’emmerde. Et sous pas mal de points de vue, Le Lapin te ressemble.
A ceci près que lui se fout de ton jugement, de ton avis, de ta morale, de tes hypocrisies.
Comme il se fout de tes attentes. Car il est libre. Dénué de respect, il n’en attend de quiconque.
En définitive, le Lapin ne devrait craindre de jugement que de Dieu, arguant qu’il n’a de compte à rendre qu’au Créateur et à Lui seul. Mais là aussi, il s’en fout !
Parce que Dieu, c’est LUI.